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Son père venait juste de lui poser une main sur l’épaule, et Orphée ne cillait plus depuis lors, attendant la connerie qui sans doute, allait suivre. C’était toujours le cas avec Nicolas : quand il prenait un air solennel, c’était qu’il allait nous lâcher la réplique du siècle… Et là, devant le spectacle magnifique, teinté de nostalgie qu’offrait la vue sur Paris de leur balcon, il avait le choix. Quand, après quelques minutes, il prit une grande bouffé d’air, Opy’ savait que c’était imminent, et il n’avait pas tord. « Tu sais Orphée, je ne suis peut être pas ton père biologique… » Oh putain le scoop ! Opy' venait sans doute de perdre tout l’air qu’elle avait dans les poumons. Mais ce n’était certainement pas le choc non, plutôt un fou rire qu’elle retenait difficilement en ce moment magistral que Nicolas semblait croire intense et émouvant. A vrai dire, ce n’était pas vraiment un mystère ! Qu’est ce qu’il croyait, qu'Orphée et Jagger n’avaient pas remarqués qu’ils avaient deux pères, pour une mère ? Un trio peu commun que celui de leurs parents. Et cette histoire, les jumeaux la connaissaient, même si il semblait que pour les parents, c’était un sujet tabou (sans doute ne voulait il pas les choquer… les pauvres petits !). Et voila que Nicolas faisait sa déclaration, alors qu'Opy’ avait 14 ans, et que forcément… à moins d’être idiote elle devait se douter de quelque chose !

Pourtant la seule chose qu’elle trouva à redire après quelques secondes à calmer son hilarité fut : « Ah bon ?... » *mondieumaisquetuesstupide !!!*Pas possible !! Elle sentit la main de Nicolas serrer tendrement son épaule et la panique l’envahir. *Pitier pas la réunion familiale ! Pas la réunion familiale !* C’était le pire qu'elle connaisse. Son jumeau et elle, assis devant ses trois parents à les écouter parler pendant des heures… et souvent même certains points de désaccords entres eux rendaient les choses encore plus difficile. Surtout entre Sarah et Benjamin, alias maman & papa² , qui étaient l’exacte opposés l’un de l’autre au même titre que Jagg’ et Opy’. Ils se frittaient souvent… et grâce à Nicolas se réconciliaient… La jeune blonde ne voulait pas en savoir plus, c’était déjà asser perturbant comme ça ! Mais ces trois là s’aimaient à la folie, quoi demander de plus ? Ils avaient fondés leur famille, et même les enfants étaient heureux, que demander de plus ? Le bonheur n’accepte pas les normes et ne rentre pas dans les p’tites cases ! Malgré tout, Orphée redoutait les réunions de famille. Surtout parce que Jagger réussissait toujours à la faire marrer au pire moment ! Pourtant, il avait cette fois décider de changer de sujet, ce qui soulagea fortement Orphée qui reprit sa respiration et ses battements de cils. « Tu vas voir, on va être bien ici… toi qui aime l'animation tu ne peu rêver mieux. »

C’était vrai. De ce qu'elle avait aperçu de Paris et de ses environs, Orphée trouvait tout magnifique. Elle s'imaginait déjà faire du lèche vitrine, aller au concert, flâner dans les rues et les musées, prendre des photos… Elle acquiesça simplement par un sourire, en levant la tête vers Nicolas. Qui lui fut rendu, accompagné d’une petite tape sur l’épaule et d’un regard fier. Peu importait qui était son paternel, Nicolas et Benjamin étaient ses pères, sans différence, au même tire que Sarah était sa mère, sans doute possible ! Mais si elle souriait s’était surtout parce qu'elle échappait à la discutions du siècle. Opy' replongea alors dans la contemplation de la mer de toiture Parisienne, belle, élégante, qui l'appelait déjà, et savourait les bruits de la ville… Pour une fois, et même si l’angoisse d’une nouvelle ville la pétrifiait presque, elle était plutôt détendue et impatiente.  Aller savoir pourquoi, quand Nicolas lui demanda d’aller chercher Jagger pour une réunion familiale de haut rang, elle se crispa à s’en faire péter les os. Et merde…

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« Yes yes yes yeeeeeeeeeeeeeeeeees !!!! » Elle venait à peine de fermer la porte de son nouvel appart’ qu’elle laissa tomber ses cartons en courant dans tous les sens pour redécouvrir un lieu, qu’elle n’avait jusque là vu que deux fois. Cuisine, salon, duplex avec deux chambres… avec de la brique rouge. DE LA BRIQUE ROUGE ! En plein cœur de Paris, qu’elle aimait tant, et où elle avait déjà fait de son nom une –presque- légende en matière d’organisation d’événements, surtout pour les mariages. Elle n’avait pourtant que 23 ans… mais le talent ne s’invente pas, que voulez vous ?! Et elle venait (grâce aussi à la généreuse donation de ses parents) d’acheter son premier appartement… c’était la première fois qu’elle avait un véritable chez elle. Et Orphée découvrait avec bonheur que c’était un sentiment des plus excitants ! Jetant son manteau dans le couloir qui menait au salon, elle délaissa les pièces encore vides et ouvrit en grand la porte fenêtre qui donnait directement sur un balconnet, et sur la petite cour intérieur, aussi pavé de fleurit. Elle avait l’impression d’être une gamine, une petite étudiante qui enfin s’émancipait pour vivre sa vie. En réalité, c’était simplement une jeune femme qui se posait, après quelques années à œuvrer d’arrache pied pour faire marcher son affaire. Et cette réussite, elle la devait à elle-même mais aussi… a la formidable opportunité qu’on lui avait confiée quelques mois auparavant. La fête de fiançailles de Phoenix Earnshaw.

A l’évocation de ce nom, elle ne pu réprimer un petit sourire plein de tendresse tout en ôtant ses chaussures pour mieux apprécier déambuler de pièce de pièce. Si elle connaissait Paris par cœur, se n’était pas le cas de Phoenix qui, après cette somptueuse fête à New-York, l’avait recontacté il y avait quelques jours pour qu’elle lui fasse visiter. Ils avaient toujours gardé contact, comme elle avait gardé espoir… Drôle d’histoire d’ailleurs. Au départ, elle s’était envolée pour quatre mois à New-York, grâce à un site internet très réputé. Une expérience courte, mais qu’Orphée avait réussit à en faire une totale réussite puisqu’elle avait séduit en très peu de temps le gratin de New-York. C’était donc en organisant la sauterie de fiançailles d’un certain P.Earnshaw qu’elle avait le plus brillée… et perdu pied. En rentrant à Paris, elle avait mûrit mais surtout connut la déception amoureuse la plus violente de sa jeune existence. Et maintenant, il revenait dans sa vie, lui demandant avec une simplicité presque insupportable s’il pouvait la voir. Comment dire non ? Comment dire non, à celui dont elle était sincèrement sous le charme depuis leur rencontre ? Elle revint à sa réalité en marchant sur une écharde. Damned. Opy jura fortement en levant son pied le plus haut possible comme si la gravité ferait naturellement tomber cette scandaleuse écharde. Son portable sonna, la coupant dans ses lamentations mais la stressant immédiatement. C’était sans doute lui, mais elle n’avait pas la force de verifier et elle était si pressée de le retrouver qu’elle répondit brusquement. « Allo ??! » Le cœur battant, l’estomac noué, Orphée attendait d’entendre cette voix si familière, cet accent qu’elle aimait tant. Mais fut profondément déçue… « Ah…. Salut m’man… »

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Ce sale gosse allait encore avoir raison d’elle…  Pas de doute, il ne devait pas exister sur terre des jumeaux avec autant de différances. Quand Opy’ le regardait, elle voyait la subtilité, la bonté et la intelligence. Et une belle paire de pec’ aussi, accessoirement ! Quoi qu’il en soit, son jumeau était son opposé, comme le feu et la glace…  Avec un beau caractère dans les deux camps. Pas difficile de savoir qui était le feu entre les deux d’ailleurs. Encore aujourd’hui, Orphée avait fait très fort. « Attend mon p’tit pote je suis désolé ! Si t’es pas capable de chier un vieux chapitre pourrav’ sur demande de l’éditeur, bah t’es vraiment qu’une tafiole ! » Merci Opy’, toujours pleine de sollicitude et de délicatesse. Elle en avait conscience, mais c’était tellement drôle de vanner son frangin sur son manque d’inspiration ! Lui qui avait toujours été si parfait *rancœur non dissimulé* depuis ses premiers écrits. Opy’ se montrait plus cassante encore que ce sale petit ‘parfait’ ne la lâchait jamais plus d’une semaine. Une vraie glue. D’ailleurs, il squattait chez elle depuis quatre mois maintenant… Foutue Jagger. Le pauvre tenta une petite offensive : il baissa légèrement sa couette pour voir si sa sœur le regardait. Il pensait sans doute qu’elle serait dos à lui, ce qui lui permettrait de filer ... genre, par la fenêtre ! Mais non, il sursauta en apercevant le regard oppressant de sa blondasse de sœur dont la face n’était qu’à quelques centimètres de son propre visage. « Merde Opy’ ! Tu fais chier ! Aller fou moi la paix… » Et ouais.. Il osait. Alors qu’il avait le culot de squatter dans l’appart’ de sa sœur, de se servir dans SON frigo, de lui piquer SON fric et de draguer SES copines… Heureusement que c’était son frangin tiens. Sinon il se serait déjà retrouvé son un pont.
« Aller gros naze ! Bouge tes fesses… d’ailleurs faut que tu me fasses des pancakes. » Ni une ni deux, elle s’était tiré de sa chambre pour filer dans la salle de bain puisque ses cheveux, s’était un cauchemar. Figé dans son lit, Jagger bougonna et jura son mécontentement… Seulement lorsqu’Opy’ lui déclara qu’elle entendait tout, il baissa allégrement le volume. « Je te signale que j’entend encore FLAMBIE !!. » Cette fille était un Démon ! Il suffisait qu’elle lui demande un truc pour qu’il le fasse, infernal le truc. Et même s’ils ne pouvaient pas réellement se passer l’un de l’autre et que leurs réussites respectives tenaient aussi du soutient qu’ils s’offraient mutuellement, cela ne lui donnait pas le droit de le lever à… à 12h34 ! « Pourquoi faut toujours que tu te mêle de mes oignons ! J’étais bien là ! Tu peu pas trouver un appart’ non ? Un copain au mieux, histoire de l’emmerder à ma place ?...» Furax, Orphée repassa devant la chambre où il était encore couché et passa une tête (coiffé cette fois ci) dans l’entrebâillement pour lâcher « Non mais en faite, t’es complètement malade hein, c’est ça ? T’es juste, méga chez moi là !!! Aller lèvre toi maintenant ! » Après ces mois de cohabitation, c’était un peu tendu, mais plutôt bon enfant compte tenu du fait qu’elle ne pouvait même pas bosser chez elle sans péter un câble. Et encore moins ramener des garçons, et ça c’était vraiment chiant ! Lui qui était si bien à glander toute la journée dans sa grande baraque, à manger des pizzas surgelés, à mater la télé jusqu’à pas d’heures en attendant l’inspiration… qui ne venait pas. Et PAF, elle débarquait et lui bottait les fesses… Mais il avait beau être bougon, il ne résista pas longtemps au sourire qu’elle lui adressa quand il arriva en cuisine. « Franchement, tu serais trop malheureux si je m’occupais d’un autre attardé mental ! »

Pas faux... En même temps, ils n’avaient jamais vécu autrement que pour se plaire l’un l’autre, pour qu’elle soit fière de lui. Petit à petit, un petit sourire timide anima son visage alors qu’il lui adressait un regard plein de reconnaissance. Ils n’avaient jamais eut besoin de parler pour comprendre ce qu’ils voulaient vraiment exprimer… Le regard de blondasse débordait de tendresse à son égard. Un petit silence s’installa, heureusement pas l’un de ceux qui gène mais au contraire, un silence gracieux et chargé d’affection. Puis, Opy’ détourna le regard. Des deux, c’était elle qui avait un peu de mal avec les émotions même si son frère était le seul avec qui elle n’avait pas honte. Elle reprit contenance, avant de lui jeter de son air éternellement insolent « Trêve de sentimentalisme, fait moi mes pancakes. Et met un pantalon… ton calbute est vraiment trop moche. »